Dimanche 2 juillet 2023
Douze adhérents se sont retrouvés à 9 heures 30 au rendez-vous de Maillezais (85) pour cette journée à la rencontre de deux Abbayes du sud Vendée. La météo nous prévoyait une belle journée et… elle a tenu ses promesses !
Abbaye St Pierre de Maillezais
Le temps de prendre les billets et de descendre vers l’embarcadère et nous voilà partis sous la houlette de Marion qui sera notre guide pour la matinée. Elle saura captiver son auditoire grâce à son érudition et son aisance pour répondre aux questions.
Pendant le tour dans le parc qui entoure l’abbaye, Marion nous raconte son histoire :
Au Xe siècle, l’île de Maillezais est un milieu sauvage, où le duc d’Aquitaine possède un refuge de chasse. Au cours d’une chasse, la femme du comte Guillaume Fier-à-Bras, Emma de Blois, découvre dans l’île de Maillezais les ruines d’une chapelle Saint-Hilaire et décide d’y fonder un monastère vers 976.
L’église est consacrée en 989 par Gombaud de Gascogne, archevêque de Bordeaux. Elle est située à Saint-Pierre-le-Vieux, à deux kilomètres de l’abbaye actuelle. C’est l’abbé Gausbert, cousin de la comtesse Emma, qui amène les treize moines de Saint-Julien de Tours qui s’y installent. D’abord sous l’obédience de Saint-Julien de Tours, l’abbaye passe à Saint-Cyprien de Poitiers. En 1057, elle est réunie à Cluny par le pape Étienne IX.
En 1010, Saint-Pierre-le-Vieux est transféré à Saint-Pierre de Maillezais. Dès lors, les souverains de ce duché se firent couronner et ensevelir à l’abbaye de Maillezais. Guillaume le Grand, comte de Poitiers et duc d’Aquitaine, y décède en 1030. Il fut inhumé dans le cloître. Ses fils Guillaume et Eudes, et l’évêque de Poitiers Gislebert choisirent aussi de se faire inhumer à Maillezais.
L’abbaye est ravagée par un incendie en 1082. Restaurée, elle devient l’abbaye bénédictine la plus riche du Poitou. Elle a participé aux premiers assèchements du Marais poitevin au XIe siècle.
En 1225 une guerre déclenchée par Geoffroy de Lusignan détruit une partie de la cathédrale. Mais pour se repentir, il aide à la restructuration des trois dernières travées de la nef.
Elle fut le siège de l’évêché de Maillezais de 1317 jusqu’à son transfert à La Rochelle en 1648.
C’est en 1518 que Geoffroy de Madaillan d’Estissac devient abbé, grâce au roi François Ier. C’est un érudit qui accorde sa protection à François Rabelais alors étudiant chez les cordeliers de Fontenay le Comte. Il devient secrétaire du Père Abbé, précepteur de ses neveux et y séjourne durant quatorze ans. Il fait reconstruire le chœur à partir de 1536.
Durant les guerres de religion, elle est pillée une première fois en 1562.
Henri de Navarre la fait fortifier et donne son commandement à Châtillon d’Availles qui repousse un assaut en 1587, mais les explosions durant le combat causent la ruine de l’église.
Agrippa d’Aubigné fut nommé gouverneur de Maillezais par Henri IV en 1589, et continue à fortifier le site à l’aide de matériaux prélevés sur le cloître et l’abbatiale. Il va en avoir la garde pendant trente ans, durant lesquels les moines seraient revenus et se seraient réunis dans l’ancien réfectoire.
Elle est abandonnée en 1666 et est vendue comme bien national en 1791. C’est au XIXe siècle qu’elle va être systématiquement détruite par un marchand de matériaux. En 1840, elle revient à des personnes qui décident de maintenir en état ses vestiges.
Les vestiges sont classés monument historique en 1924 et plusieurs campagnes de fouilles sont effectuées. Une histoire bien mouvementée !
Une petite grimpette et nous arrivons aux restes de l’abbaye :
La cathédrale possédait sept clochers, sans doute dotés de flèches.
De la grande cathédrale, il ne reste actuellement qu’une partie du massif occidental dont les deux tours-clochers, le mur du collatéral Nord, le transept Nord avec ses baies gothiques béantes, et les bases d’une partie de l’absidiole orientée Nord.
Il a été estimé que la cathédrale pouvait mesurer 105 mètres de long, 33 mètres de large et surtout elle culminait à 60 m de haut. Actuellement les ruines ne font plus que 25 mètres de hauteur.
Le cloître situé au sud a été retrouvé lors des fouilles ; il est à présent planté de lavande. L’hôtellerie forme le côté ouest du cloître et se trouve relativement conservée, elle daterait du début du XIVe siècle ou d’avant. Le Conseil général de la Vendée rachète l’abbaye de Maillezais en 1996. Débutent alors d’importantes campagnes de fouilles, travaux de restauration et un programme d’animations et de spectacles sur le site.
Après un petit tour dans les ruines, nous pique-niquons sur place avant de reprendre la route (pas tout à fait directe !) pour Nieul sur l’Autise.
Abbaye royale de Nieul sur l’Autise
L’abbaye Saint-Vincent de Nieul-sur-l’Autise est une ancienne abbaye romane. L’abbaye est fondée par Airaud Gassedenier, l’un des fidèles de Guillaume VIII d’Aquitaine. La fondation de cette abbaye est connue par la Chronique de Saint-Maixent : « L’an 1069 débuta la construction […] de l’abbaye Saint-Vincent qu’on appelle Nieul » en français. L’abbaye accueille initialement une communauté de chanoines réguliers de saint Augustin. Ils sont chargés d’assainir le marais poitevin.
La fondation de l’abbaye est confirmée par le comte-duc en 1076 dans la résidence d’Airaud Gassedenier à Vouvant.
Déclarée abbaye royale en 1141 par le roi Louis VII, époux d’Aliénor d’Aquitaine depuis 1137, l’ensemble est largement ruiné en 1568 lors des guerres de Religion. Nous devons en partie sa sauvegarde et sa restauration à Prosper Mérimée, impressionné par ce qui restait de l’ensemble « roman poitevin ».
Nous commençons la visite par la magnifique façade occidentale. Le jeu est de découvrir les sept péchés capitaux évoqués sur les chapiteaux des colonnes qui encadrent la porte. Le portail roman est surplombé d’un clocher du XIXe siècle qui modifie fortement la silhouette initiale de la façade.
L’église comporte deux clochers, l’un au-dessus du transept et l’autre au-dessus de la façade occidentale. La nef est voûtée d’un berceau renforcé de puissants doubleaux sur colonnes géminées. Les piliers montrent, avec le temps, un faible affaissement nettement visible lorsqu’on entre dans la nef.
Aénor de Châtellerault, mère d’Aliénor d’Aquitaine, y est inhumée. Aénor de Châtellerault est duchesse d’Aquitaine, née vers 1103 à Châtellerault et décédée après mars 1130.
Aénor est la fille d’Aimery ou Aymeric Ier, vicomte de Châtellerault, et de son épouse Amauberge (ou Amalberge), dite Dangereuse de L’Isle Bouchard. Sa mère, Amauberge, fut la maîtresse de Guillaume IX, duc d’Aquitaine jusqu’à sa mort en 1127. En 1121, Aénor épouse le fils de Guillaume IX, Guillaume X.
Trois enfants naissent de l’union d’Aénor et de Guillaume X :
- Aliénor d’Aquitaine ;
- Pétronille d’Aquitaine ;
- Guillaume Aigret (mort à quatre ans).
Épouse d’Aimery Ier, vicomte de Châtellerault, elle devint la maîtresse de Guillaume IX d’Aquitaine, surnommé Guillaume le Troubadour et grand-père d’Aliénor d’Aquitaine.
Dangereuse épouse le vicomte de Châtellerault Aymeric Ier (ou Aimery) à une date restée inconnue. De leur mariage naissent quatre enfants :
- Hugues II (1110-1172) qui succède à son père en tant que vicomte ;
- Raoul, mort en 1190 qui épouse Élisabeth, dame de Faye-la-Vineuse et devient grand sénéchal d’Aquitaine ;
- Aénor (c. 1103-mars 1130), qui épouse Guillaume X d’Aquitaine ;
- Amable, qui épouse Wulgrin II, comte d’Angoulême ;
Dangereuse et Aimery sont mariés depuis sept ans lorsqu’elle décide de quitter son époux pour devenir la maîtresse du duc Guillaume IX d’Aquitaine, en 1114. Cette relation, considérée comme scandaleuse pour l’époque, vaut au duc Guillaume d’être excommunié par l’Église pour son « enlèvement », bien que Dangereuse ait été consentante en la matière.
Quelle famille !
En 2000, l’abbaye a été rénovée pour devenir un musée. Le tuffeau originel des murs cohabite désormais avec des matériaux modernes tels que l’acier et le verre.
Sources historiques : Wikipédia, Office du tourisme de la Vendée.
Après un rafraîchissement pris à côté du moulin, chacun repart vers son domicile content de cette journée bien enrichissante et organisée de mains de maîtres par quelques adhérentes. Merci à elles.
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